Il semble aujourd’hui que la confiance en soi soit au centre de toutes les attentes. En manquer est perçu comme un obstacle majeur, tandis qu’en posséder est considéré comme la clé d’une vie épanouie et réussie. Les écrits sur ce sujet abondent…
Bien que je ne sois pas particulièrement adepte des ouvrages de développement personnel, il existe cependant un livre sur la confiance en soi que je recommande. Il s’agit d’un essai du philosophe talentueux Charles Pépin, dans lequel il explore ce thème de manière érudite et novatrice. Voici un aperçu de ses réflexions.
L’importance de la confiance en soi dans notre société moderne
Dans les sociétés traditionnelles, chacun avait un rôle bien défini. La naissance déterminait tout et il n’était pas nécessaire d’avoir confiance en soi puisque tout était déjà tracé. En revanche, dans le monde moderne, nous sommes libres et responsables de notre propre destinée. Nous devons maintenant prouver notre valeur et construire notre bonheur, ce qui nécessite d’avoir confiance en soi.
La confiance en soi est avant tout une histoire de relations
Malgré cela, cela n’a jamais été aussi complexe. Dans un monde hyper-connecté, mais déconnecté des activités concrètes, les occasions de développer sa confiance en soi sont rares. La confiance en soi découle principalement de notre rapport aux autres. En réalité, elle commence par la confiance en l’autre. Elle implique également notre capacité à agir, à avancer malgré les doutes, et à oser prendre des risques dans un environnement incertain. Pour cela, il faut d’abord posséder une sécurité intérieure.
L’enfance est bien sûr une période clé, mais il est toujours possible, à tout âge, de tisser des relations qui renforcent notre confiance. Même si l’on n’a pas eu un environnement affectif sécurisé durant l’enfance, il n’est jamais trop tard pour créer ces liens. Mais cela requiert une bonne connaissance de soi, pour reconnaître ce manque et le combler. Personne ne peut, par ses propres moyens, acquérir la confiance en soi. Elle est avant tout une affaire d’amour et d’amitié.
Agir sur ce que l’on peut contrôler
Adopter une philosophie de la confiance, c’est aussi se rappeler le premier principe du stoïcisme : tout n’est pas sous notre contrôle. Il existe des éléments sur lesquels nous avons une influence et d’autres non. Nous devons bien sûr agir sur ce qui dépend de nous, mais avoir confiance en soi, c’est aussi accepter de faire confiance à ce qui échappe à notre contrôle, tout en permettant à nos actions d’enclencher un changement.
Souvent, lorsque nous manquons de confiance ou que nous nous imposons une pression excessive, c’est parce que nous surestimons notre contrôle sur les événements. Penser que tout repose uniquement sur nos épaules est une manière certaine d’échouer.
Les dangers de la comparaison constante
L’un des grands ennemis actuels de la confiance en soi est la possibilité quasi infinie de se comparer aux autres, notamment via les réseaux sociaux. Sur des plateformes comme Facebook ou Instagram, il y aura toujours, du moins en apparence, des personnes plus belles, plus riches, ou plus épanouies que nous. Ces vies semblent toujours meilleures que la nôtre…
Les générations précédentes n’avaient pas ce problème : ils ne pouvaient pas se comparer aussi facilement. Ils se mesuraient uniquement à leur cercle proche. Les célébrités restaient inaccessibles et les inconnus ne faisaient pas partie de leur quotidien.
Les blessures de l’enfance et la confiance en soi
Ce phénomène de comparaison peut être d’autant plus toxique qu’il peut raviver des blessures d’enfance à l’origine de notre manque de confiance. Qu’il s’agisse de blessures familiales ou scolaires, comme le système de classement de l’école française, qui pousse les enfants à se définir par rapport aux autres plutôt que par rapport à eux-mêmes. Cela éloigne de la véritable satisfaction, celle qui vient du perfectionnement personnel.
Pour échapper à cette tentation de la comparaison, il faut bien se connaître. Si je sais où je veux aller et ce qui m’anime, je ne vais pas me comparer à ceux qui poursuivent d’autres objectifs. En revanche, si je manque de clarté sur mes désirs, ceux des autres risquent de devenir les miens, m’entraînant dans une compétition sans fin, nourrie par l’envie, et me faisant perdre confiance.
Avoir confiance en la vie
La confiance en la vie est à la fois évidente et difficile à définir. C’est croire qu’il existe quelque chose de bon dans la vie, et peut-être même de tendre. C’est continuer à apprécier la vie, même quand elle devient difficile. C’est accepter que la vie n’ait pas besoin d’être parfaite pour être digne d’être vécue.
En résumé, avoir confiance en la vie, c’est croire qu’elle est, dans l’ensemble, une bonne chose. Avoir confiance en soi ne signifie pas être sûr de soi, mais plutôt avoir le courage d’affronter l’incertitude au lieu de la fuir, et de trouver dans le doute la force de s’élancer.